Le bilan de compétences, une affaire de femmes ?

C’est une réalité que nous avons constatée sur le terrain. Le public qui choisit d’entrer sur un bilan de compétences est majoritairement féminin. Bien des raisons peuvent expliquer ce constat.
Il y a bien sûr le contexte inédit d’un monde du travail profondément chamboulé par sa digitalisation et par deux ans de pandémie. Avec pour conséquence directe un accroissement des exigences quant au bien-être au travail et à la question du sens. De moins en moins d’actifs ont envie de négocier ces points.
Et tout le monde a désormais bien compris que la norme désormais sera probablement de se reconvertir plusieurs fois dans une carrière. Tout le monde.
Les femmes comme les hommes.
Alors pourquoi davantage de femmes engagées sur le bilan de compétences ?
Ces freins économiques et sociétaux
Côté société, il y a malheureusement cette tenace inégalité dans le monde du travail. Emplois précaires, sous-emploi, discrimination salariale… Les femmes gagnent en moyenne 23 % de moins que les hommes (Observatoire des inégalités, 2021). Dans un couple, c’est souvent le salaire de l’homme qui est le plus important. Et de plus en plus de femmes doivent assumer seules la charge des enfants.
Du reste, les femmes sont plus exposées à la dynamique de (re)conversion alors qu’elles vivent souvent des ruptures de carrière bien souvent liées à la maternité.
Citons également la problématique des métiers genrés : tant de professions soi-disant inaccessibles aux femmes !
Outre ces critères économique et sociologique, il y a les pressions que peuvent subir plus spécifiquement les femmes au travail. Traduction : un harcèlement indissociable du sexisme. Une obligation pressante (violente !) à devoir se réinventer professionnellement ailleurs…
Certes, les choses évoluent mais oui, en 2022, les femmes ont toujours une carrière bien spécifique par rapport aux hommes. La construction de celle-ci leur demande plus de vigilance et… plus d’énergie.
Ouvertes au doute, à la confiance, au feeling
Côté psychologie, nous tenterons d’éviter ici le Vénus VS Mars, promis. Il y a toutefois un consensus des spécialistes sur ce double constat d’une plus grande aptitude chez les femmes à la remise en question et à la confiance.
Eh oui, ça résistait un peu sur le clavier pour lâcher cette phrase. Parole de rédactEUR ;-)
C’est pourtant ce que confirme par exemple cette enquête publiée au début de l’année Le syndrome d’imposture : pourquoi les femmes manquent tant de confiance en elles ? (Le Livre de poche). Selon Anne de Montarlot, co-auteure avec Elisabeth Cadoche : “D’après une étude publiée en 2018 par l’université Cornell aux États-Unis, les hommes surestiment leurs capacités et leurs performances quand les femmes les sous-estiment”. Les femmes doutent davantage. Alors qu’en France, elles sont plus diplômées que les hommes… Une histoire d’éducation bien sûr. Pour les femmes comme pour les hommes.
Il y a aussi une aptitude « naturelle » à la confiance. Être disposée à confier sans fard et sans retenue sa vie, ses doutes, ses jardins secrets. Se mettre ainsi à nu, une fois la confiance accordée, n’est pas la qualité première de la gent masculine… Confiance dans la dimension feeling également. Les hommes vont comparer au moins avec un autre cabinet quand les femmes fonctionnent à l’instinct, selon une de nos consultantes. Un homme qui en avait préalablement vu cinq l’avait finalement choisie sur cet argument : “vous êtes très pragmatique et vous ne m’avez pas vendu du rêve”.
Rationalité VS feeling.
C’est comme ça !
Donner corps à votre rêve
Vendre du rêve, quelle drôle d’idée !
Telle n’est pas la philosophie maison.
Un bilan de compétences est un projet beaucoup trop sérieux pour ça. Notre métier serait plutôt : donner corps au rêve. Après avoir préalablement pris le temps de l’analyser et de voir si ce rêve était réaliste et réalisable.
Parce que les femmes qui viennent nous voir sont animées de motifs récurrents dans leur projet de bilan. Concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle, faire ce qui leur plaît vraiment, s’épanouir. Nous le constatons au quotidien : la question du sens est plus importante encore pour les femmes.
Nous aurions pu nous positionner sur un public exclusivement féminin.
Quelques structures le font déjà très bien. De façon engagée. Aussi vrai que “c’est en agissant sur la carrière des femmes que l’on agit concrètement sur l’égalité hommes-femmes”. (Garance Yverneau).
Nous avons préféré garder une mixité de public, mais en offrant la plus grande palette de formules côté bilans (Focus, Intégral, Action), le plus large choix de sensibilités côté consultant(e)s. Voilà qui permet de nous adapter à la plus grande diversité de demandes, de contextes et de contraintes.
Un bilan de compétences offre mille et une possibilités. Pas obligatoirement une reconversion à 180°. Mais parfois une “simple” évolution au sein d’un métier que l’on décide de ne pas changer. Parfois même juste un projet personnel qui va aider une femme à “vivre pour elle”.
Donner corps… Dans le dernier film “En corps” de Cédric Klapisch, une danseuse classique, suite à une “déchirure”, s’apprête à mettre fin précocement à sa carrière. Elle va en fait rebondir. Se reconvertir sans se reconvertir. A la lumière du message de sa mère : “Profite de toutes les vies que la vie pourra t’offrir”.